De Black à White Friday
Novembre = Black Friday. Ma boîte mail explose, Instagram se transforme en outlet digital, et soudain je me demande si j’ai vraiment besoin d’une autre airfryer. Reconnaissable ? Tu n’es pas seul. Black Friday n’est pas seulement une frénésie d’achats — c’est une leçon de psychologie, de dopamine, de FOMO et de notre propre comportement d’achat.

Le saviez-vous à propos du Black Friday ?
Le nom paraît fort, mais l’origine est en fait un peu chaotique. Dans les années 60, la police de Philadelphie appelait le lendemain de Thanksgiving “Black Friday” à cause du chaos de trafic, des magasins bondés et des gens qui se poussaient presque du trottoir. Pas très festif, n’est-ce pas ? Plus tard, des commerçants malins lui ont donné une tournure positive : les pertes étaient en rouge, les profits en noir. Grâce à la pression d’achat, les magasins passaient enfin “dans le noir”. Chaos = profit. Ainsi est né le plus grand événement shopping de l’année.

Notre cerveau adore les réductions
Notre tête aime le gain, notre cœur aime la dopamine. Ce n’est pas dans votre portefeuille, mais dans votre tête. Selon la Prospect Theory, nous ressentons “l’évitement de la perte” plus fortement que le gain. Donc € 199 pour € 129 semble être € 70 gagné. En réalité, on ne gagne peut-être rien, mais hé —dopamine ! Chaque “Superdeal” donne une petite décharge de dopamine : ce signal qui dit “Bien joué, shopper malin !”. Sauf que… parfois nous sommes surtout doués pour nous convaincre que nous en avons vraiment besoin.
Trucs psychologiques en action
Le marketing du Black Friday est un jeu magistral d'anticipation, d'exclusivité et de déclencheurs intelligents. Et oui, nous tombons tous dans le piège
- Anchoring effect : Les € 1200 que valait le casque avant ? C’est ton ancre. Le prix réduit paraît immédiatement irrésistible. Et si le magasin avait augmenté le prix juste avant? Jackpot pour la psychologie marketing.
- Rareté & FOMO : Flashsales, “Op=Op !” et countdowns font cliquer ta main plus vite que ton cerveau ne peut penser. Personne ne veut être celui qui rate la bonne affaire.
- Dopamine & pain of paying : Trouver une bonne affaire provoque un rush de dopamine. Avec les retours gratuits ou le one-click buying, payer paraît soudain bien moins douloureux. Résultat : ton cerveau passe en “buy-mode” et ton compte bancaire murmure help.
- Lipstick effect : Même en période d’incertitude économique, on adore dépenser pour de petits luxes. Black Friday en profite avec la cosmétique, le skincare et d’autres guilty pleasures. Si on achète… autant que ce soit quelque chose qui rend heureux.
Scénario bien connu
Le casque attendait depuis des semaines dans ton panier. Email : “Black Friday: exclusive deals, attention op=op !” Hésitation ! “Noise cancelling, meilleure batterie… peut-être ?” Vendredi 29 novembre. Prix encore plus bas. “Agis vite !” Clic. Dopamine-rush atteint. Bonheur temporairement garanti. Malin ? Peut-être. Manipulé psychologiquement ? Absolument.

Du noir vers... la couleur
Black Friday ne tourne pas uniquement autour d’acheter. De la Suède au Canada, des contre-mouvements donnent soudain un nouveau sens aux Fridays. Moins d’achats, plus de conscience, de durabilité, de calme et de plaisir circulaire — une touche anti-consumériste rafraîchissante.
- Green Friday : acheter consciemment, réparer ses vêtements ou planter un arbre. Moins acheter = plus de karma. Pensez à la campagne “Don’t Buy This Jacket” de Patagonia.
- Slow Friday : local, artisanal, avec attention. La précipitation = out, la qualité = in..
- Silent Friday : Le repos comme luxe. Pas de bannières, juste respirer.
- White ou Circular Monday : seconde main, emprunter, échanger.
- Buy Nothing Day : une détox digitale pour votre portefeuille.
- Giving Tuesday : des réductions vers le sens. Donner procure autant de dopamine.
Ce que nous pouvons apprendre pour la recherche marketing
Black Friday est comme un immense laboratoire psychologique et une gymnastique mentale collective autour du self-control.
- Observer les réactions comportementales : rareté, countdowns, exclusive deals.
- Comprendre les moteurs émotionnels : dopamine, FOMO et “pain of paying”.
- Comprendre les alternatives : Green, Circular ou Slow Fridays montrent que de plus en plus de consommateurs sont ouverts à la durabilité, au sens et au calme.
- Apprendre des différences : Millennials, Gen Z et consommateur séco-conscients réagissent différemment.
Black Friday montre à quel point notre cerveau réagit intelligemment aux triggers. Mais nous avons le choix. La dopamine peut venir d’une affaire, ou d’un don, d’une réparation, d’un achat seconde main ou d’un moment de silence. Peut-être que l’avenir des Fridays n’est pas noir, mais multicolore : plaisir, conscience, calme et durabilité. Et honnêtement ? Je peux très bien vivre avec ça. Tant que je n’achète pas encore une airfryer.
